Qui sème le vent récolte la tempête. Il ne fallait pas s’attendre à autre chose. Bouteflika qui a fondé son pouvoir sur la corruption, le clientélisme et le mensonge est quasiment sur le point sortir par la petite porte. Lui qui voyait grand laissera derrière lui un champ de ruine.
Après lui, l’Algérie retombera aux mains de ceux qui la lui ont prêtée. Les généraux Bentalha seront en effet les seuls bénéficiaires du départ probable du président la République. Les Algériens se retrouveront alors au point de départ avec à la clé une République où la puissance, l’hégémonie et l’impunité absolue des services de sécurité seront consacrées pour longtemps. Le DRS s’ingérera plus que jamais auparavant dans la vie politique et économique exacerbant les frustrations et l’amertume profonde du peuple. S’il fallait donner un titre`au règne de Bouteflika, ce serait «corruption et gâchis».Le sombre bilan a été soulevé par de nombreux observateurs à l’instar de Gaëlla Arenson, une spécialiste de l’Afrique. Dans son rapport sur l’Algérie sur le plateau de TV5, cette journaliste a fait un constat accablant sur la situation et le système Bouteflika. Selon Arenson, l’Algérie baigne dans une ambiance de fin de règne mêlée à un sentiment d’inquiétude dû à un bilan économique négatif. Pour preuve, elle cite la série de grèves qui touche divers secteurs et s’étend pour la première fois au sud du pays qu’elle qualifia de «poumon économique de l’Algérie». Les hausses des salaires opérés tous azimutés par Bouteflika pour acheter la paix sociale et éviter un printemps arabe ont fait entrer le pays dans un cercle vicieux. Ces mesures sociales non contrôlées ont conduit vers une explosion des dépenses de l’État l’obligeant à recourir massivement à la planche de billets. Du coup, en l’espace d’une année, l’inflation a doublé passant de 4,5 % en 2011 à 9% en 2012.
Bien que le gouvernement jouit toujours de conditions économiques optimales dues à la rente des hydrocarbures, elle n’est pas arrivée à profiter de cette manne pour imposer des réformes substantielles. Au lieu de cela l’Algérie assiste au «grand retour des grands scandales d’État». Elle cite le cas de l’affaire Sonatrach qui est revenue par le biais de la justice italienne et le cas de Chekib Khalil qui est sorti du territoire national sans encombre comme un exemple de l’incurie au sommet de l’État. L’Administration, quant à elle, tourne au ralenti : en 2012 deux conseils de ministre seulement, un seul depuis le début de cette année. Le moment le plus fort de son intervention est atteint quand elle déclare que «le président est retranché avec ses deux frères, son directeur de protocole et ses conseillers».