Quelque 300 éléments du «Polisario» combattent dans les rangs du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), révèle l'académicienne tunisienne Alaya Allani dans un article publié par «Al Arabiya Institute for Studies».
Le Mujao «comprend environ 1.000 combattants» et se compose d'éléments étrangers, dont 300 membres du «polisario» et 200 militants du groupe terroriste Boko Haram en plus d'autres activistes originaires de certains pays africains et arabes de la région, écrit l'académicienne qui s'était rendue au Mali pour évaluer la situation dans ce pays.Pour Alaya Allani, le septentrion malien est «devenu un sanctuaire pour les activités djihadistes menées par des militants locaux et étrangers qui utilisent à leur propre avantage l'instabilité politique qui a obéré la capacité de Bamako à faire face aux séparatistes et à la menace terroriste d'Al-Qaïda».
Le Mujao, rappelle-t-on, est à la fois une branche dissidente d'Al-Qaeda dans le Maghreb islamique (Aqmi) et son plus proche allié dans la région du Nord-Mali. Il a revendiqué plusieurs enlèvements au Mali et dans d'autres pays de la région.
Le constat de l'académicienne tunisienne rejoint les conclusions de plusieurs experts américains selon lesquelles le «polisario», convaincu de collusion et de complicité avec Aqmi, comme en témoigne le kidnapping de ressortissants occidentaux en plein cœur de Tindouf, s'est mué en «force d'appoint» de la guerre déclarée par Aqmi et le Mujao contre l'Occident.
Le ralliement de dizaines de membres du polisario au Mujao dans le nord du Mali «constitue, ainsi, la suite somme toute logique d'une radicalisation du «polisario» et de l'exacerbation des conditions de vie dans les camps de Tindouf, où les populations sont séquestrées contre leur gré par les milices des séparatistes», estime à ce propos Yonah Alexander, directeur du Centre International pour les études contre le terrorisme (ICTS), relevant du Potomac Institute à Washington.
Au moment où la communauté internationale a «les yeux rivées sur le conflit syrien, Aqmi et le Mujao ont déclaré la guerre contre l'Occident avec le polisario comme partenaire», souligne Alexander, qui est l'auteur de plusieurs essais de référence sur le terrorisme en Afrique du Nord et dans la région du Sahel. «La Communauté internationale ne peut tout simplement pas se permettre de rester les bras croisés alors que prospèrent dans cette région des forces extrémistes qui promettent feu et sang à cette partie du monde», comme en témoigne la dernière opération de prise d'otages dans le complexe gazier d'In Aménas, dans le sud-est de l'Algérie.
Les séparatistes du «polisario» et le groupe terroriste d'Al-Qaëda dans le Maghreb islamique sont deux partenaires d'une alliance déstabilisatrice pour la région du Maghreb et le Sahel, convient, pour sa part, Peter Pham, directeur du Centre Michael Ansari pour l'Afrique, relevant du Think Tank américain Atlantic Council.
Cette situation, a-t-il estimé, a pour corollaire l'exacerbation de la situation humanitaire et des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf, au mépris des conventions internationales pertinentes «tant et si bien qu'aujourd'hui on peut parler de misère générationnelle au sud-ouest de l'Algérie, sans la moindre opportunité économique ou politique».