Lorsque des islamistes extrémistes liés à Al-Qaïda ont récemment repris une région de la taille de la France dans le désert du Sahara au nord du Mali, je savais comment ils pourraient être rapidement vaincus.
Il y a trente ans, je parcourrais le Sahara occidental avec la guérilla du Polisario qui ressemble beaucoup à des rebelles et islamistes du Mali – essentiellement des gens qui prétendent tout savoir et comment penser, et qui se promènent en Land Rover lourdement armés pour faire respecter leur volonté.
Quand je roulais dans les véhicules du Polisario, nous étions des proies faciles, toujours dans la crainte des F-5 marocains achetés aux des États-Unis. Je suppose que c’est la raison pour laquelle ils appellent cela « la puissance aérienne. »
Nous avons dû à nous cacher dans les broussailles, à conduire nos Land Rover sur un terrain pierreux pour ne pas laisser de traces et, lors du franchissement des zones sablonneuses, nous effacions nos sillons avec des couvertures avant de nous reposer pour manger ou dormir.
Les Marocains ont gagné leur bataille contre le Polisario – un combat très ressemblant à celui qui est sur le point de commencer dans le nord du Mali – avec la force aérienne. Elle sera concentrée sur les rebelles, elle les isolera des villes et de la population restante et elle les conduira éventuellement à se réfugier dans le désert.
Les Marocains ont également une grande et efficace armée, que le Mali ne possède pas.
Le Maroc a utilisé une technique innovante pour lutter contre ce que les experts militaires appellent la guerre «asymétrique» dans laquelle les rebelles mobiles conduisent des attaques éclairs contre les armées en place. Cela ressemble à l’Afghanistan…
Le Maroc a utilisé des bulldozers pour construire un mur de sable de quelques 15 à 30 pieds de haut et plus de 1.250 miles de long, séparant ainsi les guérilleros de la région côtière sous-peuplée du Sahara occidental.
Puis les Marocains ont placé des détecteurs de mouvement électroniques construits par Westinghouse tout au long du mur édifié. Dès que les forces du Front Polisario essayaient de traverser, le Maroc envoyait des jets supersoniques hurlant à travers le désert aride, et qui ne laissent aucune chance aux séparatistes du Polisario pour se cacher.
Après cela, les rebelles ne contrôlaient qu’une inutile et étroite bande de désert et quelques 75.000 nomades sahraouis, emprisonnés depuis 30 ans dans des tentes de réfugiés dans la périphérie de la ville algérienne de Tindouf.
Al-Qaïda, ainsi que d’autres groupes islamistes, sont comme des loups : ils évoluent en marge de la civilisation, dévorant les faibles et les impuissants. Lorsque le gouvernement et la sécurité ne sont pas au niveau, les fondamentalistes prennent racine en mettant en place leurs propres tribunaux et en instaurant la pratique de la charia. Ils sévissent contre les personnes accusées d’adultère, empêchent l’accès des filles à l’école, enferment les femmes chez elles et bannissent la télévision et même la musique.
Les islamistes ont pris le pouvoir en Afghanistan après que la guerre civile eut détruit le gouvernement en place. Et dans les parties non gouvernées du Pakistan, du Yémen, des Philippines et dans d’autres pays, ils ont aussi installé leurs enclaves islamistes.
Et voilà qu’ils le font de nouveau dans le Sahara, au nord du Mali, une région devenue comme un aimant pour ces islamistes algériens tueurs qui ont laissé derrière eux 200.000 morts dans les années 1990, ainsi que pour les nouveaux assassins du Boko Haram qui font sauter des églises pour tuer des chrétiens.
Les diplomates d’Afrique de l’Ouest disent avoir 3.000 soldats prêts à chasser les quelques centaines d’islamistes au Mali. Mais l’action a été retardée car les diplomates se chamaillent sur les « modalités » de l’intervention, en l’absence d’un gouvernement compétent au Mali depuis le coup d’Etat militaire d’avril.
Ainsi, les combattants islamistes d’Ansar Dine continuent d’imposer le style de loi islamique des talibans et détruisent d’anciennes tombes de Tombouctou, un lieu saint pour les musulmans soufis du Mali. Les islamistes d’Al-Qaïda wahhabite et d’Ansar Dine voient dans les soufis des idolâtres qui vénèrent les tombeaux des saints.
Quelque 200.000 personnes ont fui la région des affligeants camps de réfugiés pour se diriger vers la partie extrêmement pauvre du Niger et dans d’autres pays voisins où la sécheresse et la faim règnent en maîtresses.
Ces réfugiés disent aux journalistes qu’ils ne peuvent pas supporter cette féroce dictature religieuse qui consiste à battre les femmes, à obliger les hommes à se laisser pousser la barbe et à interdire aux gens de regarder la télévision.
Les islamistes ont envahi cette région éloignée des campements du désert, soutenus par les tribus nomades des touaregs, qui avaient combattu en Libye pour Kadhafi et qui sont ensuite retournées chez elles, avec leurs armes.
La petite armée du Mali n’est pas assez forte pour la besogne consistant à mettre dehors les Touaregs et les islamistes qui ont tracé leur chemin vers les villes du nord. L’armée humiliée a ensuite retourné ses armes contre le gouvernement civil de Bamako, suite à un coup d’Etat militaire.
Cela a créé un vide au Mali que les Touaregs et les islamistes ont rapidement su exploiter, en s’emparant de tout le Nord du pays. Puis les loups islamistes se sont tournés vers les Touaregs séculaires et en ont pris le contrôle.
Quelle que soit l’origine du renouveau islamiste qui balaie une grande partie du monde – l’économie, la recherche de la dignité, une véritable vision religieuse – il ne cherche pas moins que d’imposer sa volonté sur les gens qu’il conquiert, indépendamment de leurs opinions. Cela va à l’encontre de quelques-uns des principes les plus élémentaires de l’Islam qui prêche que si des gens se convertissent et acceptent la loi islamique volontairement, les autres ne doivent en aucun cas être forcés.
Le Marchand de Venise de Shakespeare dit: «Le diable peut citer des écrits pour servir ses propres desseins ».
Aujourd’hui, il existe des milliers de ces démons qui tuent des innocents du Sahara au Yémen, de l’Indonésie à l’Afghanistan. C’est au reste du monde d’en prendre note et d’aider ceux qui ne peuvent pas s’aider eux-mêmes.
Lire l’article, en anglais, sur huffingtonpost.com