Le nord du Mali vit encore sous le coup de la lourde défaite infligée par les islamistes du MUJAO aux rebelles touaregs du MNLA, dans la ville de Gao. Une déroute qui risque de changer dangereusement l’équilibre des forces aux dépens du Mouvement national pour la libération de l'Azawad.
Après les durs combats à l’arme lourde de mercredi, Gao est désormais sous le contrôle total des islamistes du MUJAO, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest.Le groupe islamiste Ançar Eddine et le Mujao, considéré comme une dissidence d'AQMI qui elle même est composée d'algériens ayant combattu en Algérie, veulent imposer la charia (loi islamique) au Mali. Ils tiennent désormais les places fortes du Nord avec les jihadistes d'Aqmi, après avoir supplanté le MNLA, sécessionniste et laïc.
Selon plusieurs témoins, les islamistes ont complètement détruit tôt samedi matin le mausolée du saint Sidi Mahmoud, dans le nord de la cité. Ce site avait déjà été profané début mai par des membres d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), autre groupe armé contrôlant le Nord, avec l'appui d'hommes d'Ançar Eddine.
Des témoins les ont également décrits en train de détruire le mausolée d'un autre saint, Sidi Moctar, dans l'est de la ville. En annonçant sa décision de placer Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril, de même qu'un site historique de Gao, l'Unesco avait alerté la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur cette ville mythique du nord du Mali.
Au même moment, à les Etats-Unis mettaient en garde la Cédéao depuis Washington par la voix du secrétaire d’Etat adjoint chargé des questions africaines, Johnnie Carson, contre une éventuelle intervention militaire dans le Nord du Mali en plaidant pour une solution politique. En effet, si Johnnie Carson apportait son appui à la Cédéao, ce dernier a estimé que le contingent de 3300 soldats planifié par la Cedeao devrait s’efforcer de stabiliser le Sud du pays et ne pas s’aventurer dans le Nord. Pour Washington, soutien essentiel pour la validation d'une éventuelle résolution au conseil de sécurité de l'onu, le sud n'a plus d'armée digne de ce nom et une reconquête du Nord serait une entreprise très lourde pour la Cédéao.
Le désir d'envoi de 3.300 soldats africains pour combattre les islamistes a été maintenu à Yamoussoukro. La Cedeao et l'Union Africaine ont déjà interpellé le conseil de sécurité qui pour l'heure n'a toujours pas répondu favorablement à la demande d'intervention militaire au Nord Mali.