Depuis des années, plusieurs observateurs relèvent le manque d’empressement de l’armée algérienne à faire le ménage près de ses frontières méridionales, au cœur d’un Sahel devenu le terrain de jeu de combattants islamistes, rebelles touareg, mercenaires du Polisario et trafiquants en tout genre.
La branche maghrébine d’Al-Qaïda est en effet l’héritière du GIA (Groupe islamique armé) et du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), deux mouvements islamistes algériens. Et encore aujourd’hui, les cadres d’Aqmi sont Algériens. Alger a en quelque sorte exporté chez ses voisins méridionaux ses propres islamistes armés, dont elle n’arrivait pas à se débarrasser. Merci pour le cadeau, peut dire Bamako. Quant aux Algériens, ils ne manquent pas une occasion de s’ériger un peu plus en fer de lance de la lutte anti-terroriste.
Des experts américains avaient déjà mis en garde contre la situation explosive qu'encourt la région saharo-sahélienne où la collusion entre trafiquants de drogue, islamistes, Aqmi et éléments du Polisario est devenue une véritable menace.
Rappelons que plusieurs rapports émanant d'influents think-tanks internationaux n'ont pas cessé d'avertir que les camps de Tindouf, gérés par le polisario sur le territoire algérien, sont devenus «un hub» des activités criminelles de toute sorte, sur fond de liens de plus en plus étroits entre les dirigeants séparatistes et ceux d'Al-Qaëda dans le Maghreb islamique (Aqmi) et autres groupes extrémistes.
On ne cesse de souligner les «ambiguïtés» de l’Algérie face à Al-Qaïda au Maghreb islamique et on souhaite un engagement plus intense d’Alger contre les katibas sahéliennes, car le nord du Mali, qui a échappé au pouvoir central malien à la suite du putsch du 22 mars à Bamako, pourrait ainsi rapidement se transformer en une sorte d’État afghan.
En effet, le Mali tient l’Algérie responsable de l’instabilité au nord du pays. Il faut dire qu’il n’a pas totalement tort. Le Mali n’entretient plus de relations officielles avec les dirigeants du Polisario, même si le pays n’a pas retiré officiellement sa reconnaissance de la « RASD ». Les Maliens ont adopté une neutralité vis-à-vis de la question du Sahara Marocain. L'Algérie n'est elle pas entrain de faire payer au Mali son rapprochement avec le Maroc ?
l’Algérie, comme on le sait, désapprouve toute implication occidentale dans ce qu’elle qualifie de problème exclusivement régional , mais aussi avait balayé d’un revers de main l’éventualité d’une participation marocaine au motif que le royaume chérifien n’avait pas de frontière saharienne ou sahélienne.
L'on se souvient que la diplomatie marocaine avait considéré que la région du Maghreb arabe à laquelle appartient le Maroc ainsi que la région du Sahel sont exposées à des menaces terroristes et que les efforts nationaux restent insuffisants tant qu’ils ne sont pas fournis dans un climat de partenariat et de confiance mutuelle.
A force de brouiller, depuis plusieurs années, les cartes du renseignement, d’infiltration et de manipulation, le Département renseignement et sécurité (DRS) est dépassé par le sens et l’initiative des réalités au Sahel. Il développe une diplomatie parallèle et fait cavalier seul, sans informer le gouvernement, d’autres institutions de l’Etat et la presse.
Les militaires et gendarmes algériens massés aux postes frontaliers ne sont pas briefés sur ce qui se passe réellement derrière leurs lignes. Les propres agents du DRS sur le terrain ne sont pas correctement informés. Comme ces diplomates enlevés au consulat de Gao, qui auraient dû quitter la ville avec leur famille dès le déclenchement des hostilités.
Un officier du MNLA confie à un journaliste : "Nous avions pris attache avec le consul de Gao avant même d’entrer dans la ville. Nous lui avons demandé de partir et de rapatrier les familles. Il nous a dit qu’il attendait les réponses d’Alger." Les dirigeants du MNLA ont tenu à "mouiller publiquement" les généraux, en faisant savoir que le lancement de cette grande offensive militaire, a été décidé après avoir obtenu des garanties des pays voisins, en particulier du DRS, seul interlocuteur algérien des rebelles touarègues.
Pour l’heure Aqmi ne s’est pas manifesté mais tout le monde sait que la franchise maghrébine d’Al-Qaïda est aujourd’hui “plus armée que les armées du Mali et du Burkina réunies”.
En quelques années, l’organisation terroriste a progressivement tissé sa toile dans la région sahélienne. Elle dispose dorénavant de bases arrières dans le nord du Mali et ses katibas (brigades) sévissent dans toute la zone transfrontalière. Financée par des trafics en tout genre (armes, cigarettes, drogues…) et les rançons de ses nombreuses prises d’otages, AQMI constitue la principale menace pour la sécurité régionale.
Des rapports d'instituts de géostratégie tiennent à jour les achats d’armes des pays de la région. Avec 2,5 milliards de dollars, en 2011, l’Algérie fait partie des cinq premiers pays au monde pour les dépenses en armement.
Une question revient de façons récurrente et lancinante : Contre qui l’Algérie se surarme-t-elle ? C’est beaucoup trop pour les bandes de trafiquants-kidnappeurs du Sahel.
Quoi d’autre, à part une affirmation de puissance militaire régionale qui peut tout se permettre. En tous cas, les dernières élections législatives en Algérie confirment cette tendance à haut risque. Comment éviter une histoire qui serait écrite à l’avance. C’est toute la question.
On voit mal, la Tunisie, la Libye, le Niger, le Mali et la Mauritanie s’attaquer militairement à l’Algérie. A-t-elle pour objectif de s’attaquer à l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou la France ? Elle n’en a pas les moyens, ni les capacités. Quant au Maroc, tant que l’Algérie ne franchit pas les lignes rouges, les Forces Armées Royales ne riposteront pas. Si d’aventure, les militaires algériens tentent quoique ce soit, l’armée marocaine se fera un plaisir de leur rappeler leur débandade en 1963 en 1976.
Toutes ces dépenses auraient été plus bénéfiques dans la construction de logements, de dispensaires, hôpitaux, écoles, universités, le raccordement en eau potable, électricité et gaz, le développement des infrastructures de base et surtout aussi à améliorer les outils de productions agricoles en totales déliquescences afin de pouvoir nourrir le peuple algérien et être moins dépendant alimentairement de l’étranger.