Réfutant toute idée de mouvement, l’Algérie agonise politiquement, s’effrite socialement et s’éteint sur la scène mondiale. Elle n’a pas la force et les compétences du changement et ne dispose pas de la stature qui peut lui assurer la pérennité. Elle se recroqueville, fuit le monde et le réel. Quitte à pourrir de d’immobilisme.
Le FLN n’en finit pas de faisander dans ses déchets. La formule RND explose de ses propres artifices et les islamistes se rebiffent après avoir hésité entre rébellion et entrisme. Le FFS, longtemps entretenu comme le fantasme d’une opposition messianique s’abîme dans les chiyate des postulants aux prébendes et les aigreurs d’un vieux leader atteint par l’âge et les affaires.
Le refus d’envisager des relations politiques avec les organisations de l’opposition islamiste par posture dogmatique a objectivement limitée la portée d’un parcours et d’un discours qui a séduit mais qui a peu entrainé à cause d’une faible portance qui a fini par désigner ce parti comme un laboratoire rigoureux qui n’a pas pu accéder au rôle de mouvement capable de créer et d’assumer un rapport de force qui amènerait le pouvoir à céder ou composer.
Dans le quotidien politique et social, tout bouge et les remises en cause n’épargnent aucun secteur. Maître d’œuvre du destin algérien, le DRS s’enferme dans la tactique et bricole comme si de rien n’était. Algérie-express avait rapporté il y a quelques mois de cela comment les services spéciaux avaient lancé leur opération de recrutement de filles de joie sous la jolie formule des « filles qui bougent » pour garnir le parlement de femmes qui ne posent aucun problème politique et qui séduiront les partenaires étrangers .
Dans le même temps, on lamine le courant islamiste pour mieux récupérer le fondamentalisme. Promotion de la femme pour disqualifier la présence féminine et élimination de partis islamistes pour s’assurer le monopole du fondamentalisme. Un pansement sur une jambe de bois. Nous en sommes là en 2012. Tous les pays bougent, prospectent et inventent. Le système, pris dans les rets d’une impasse historique, vient de réhabiliter le FLN et s’en tient à l’acharnement thérapeutique de l’UGTA. Coupé du monde et de son époque, il essaie de se persuader qu’il échappera au mouvement de l’Histoire.
L’Algérie n’est pas l’Egypte, elle n’est pas la Libye, elle n’est pas la Tunisie, elle n’est pas le Yemen, marmonne à longueur de conférences le pauvre Medelci. Tout cela est bien vrai. Le problème, c‘est que l’Algérie officielle croit pouvoir continuer à vivre dans le stupre sans dire un jour ce qu’elle est. La scène politique est occupée par les courants démocratique et islamiste. Il revient à ces deux tendances de mesurer la gravité de la situation, de se concerter sans tutelle ni arbitrage. Faute de quoi, l’Algérie, telle que nous la vivons aujourd’hui disparaîtra.