Les élections du 10 mai ont tranché pour la poursuite du désespoir et de l’impasse. Le changement, ce n’est pas pour demain. Ni après demain. L’horloge du développement et du progrès est grippée pour longtemps. Marqué par l’omnipotence du DRS et l’autoritarisme de sa façade politique qui se complaît dans la médiocrité, le temps des Algériens s’est figé dans la vanité des acquits économiques et la stérilité intellectuelle et artistique.
L’intermède des joutes passé, les nouvelles déprimantes reviennent à l’honneur faisant perdre aux Algériens chaque fois un peu plus, la foi en eux-mêmes et brisant chez eux, chaque fois un peu plus, l’espoir de gloire et de progrès qui les anime.Côté sécuritaire, le terrorisme, la seule « renommée » de l’Algérie et dont sont fiers les généraux Bentalha, continue de happer des vies humaines dans l’indifférence de Bouteflika et son sérail. Hier, un militaire a trouvé la mort dans l’explosion d’une bombe à Azeffoun.
Côté arrogance du pouvoir, la saga continue. Deux ministres candidats ayant enfreint délibérément la loi électorale furent référés à un tribunal pénal par la CNSEL. Une semaine après les élections, ils pavoisent comme des paons. Les juges sont trop lâches pour les juger ou ouvrir une enquête sur le sujet. Les magistrats ont l’habitude de fermer les yeux sur les abus et les dérapages qui émanent des hommes du pouvoir, mais se montrent particulièrement sévères quand il s’agit d’un citoyen qui gêne ce pouvoir. Le représentant des internés du Sud, victimes du général-major Khaled Nezzar, a été mis sous contrôle judiciaire pour avoir porté plainte contre X pour kidnapping et séquestration par des agents de la sécurité. Monsieur Belmouhoub est interdit de sortie de territoire national. Le tribunal de Sidi M’hamed s’était autosaisi de l’affaire sans doute par acquit de conscience… Cette conscience méticuleuse doit faire rire Chekib Khelil, le colonel Khaled et tutti quanti. En matière de droit et de respect de la loi, notre Justice est à cheval, en effet…
Sur le front social, la situation ne s’apaise pas. Elle risque d’empirer selon la presse. Pendant les élections déjà, les greffiers ont poursuivi leur grève de la faim. Ils veulent leur part du gâteau. Les dernières nouvelles les concernant sont inquiétantes. Leur état de santé se dégrade. Un jeune de Tiaret s’est ouvert les veines pour protester contre la précarité sociale qui marque sa vie. Des sit-in sont signalés çà et là et les nouvelles de mobilisation des syndicats autonomes se multiplient augurant de nouvelles tensions entre la rue et le pouvoir « plébiscité » par les électeurs…
Autres mauvaises nouvelles, le phénomène du kidnapping frappe de nouveau. Un enfant de six ans a été ravi à ses parents devant son domicile laissant sans doute sa famille dans une angoisse profonde. D’autres calamités vont certainement se manifester de nouveau. El Harga et les immolations n’ont pas de raison pour disparaître. La reconduite du parti des coyotes à la tête du pays a donné le coup de grâce aux espoirs des chômeurs et des jeunes démunis.
La presse abonde en tristes nouvelles. L’atmosphère malsaine couvre tout le pays. Les valeurs qui ont fait l’unité du pays et sa gloire se perdent dans l’insouciance des stratèges du pouvoir. Le train-train moribond est occulté par les médias publics occultent pour chanter les louanges du président et lui construire une popularité artificielle. Cette situation sombre est le fruit de longues années de gabegie et de corruption qui ont caractérisé le règne du président Abdelaziz Bouteflika. Du haut de son perchoir, le président reste aveugle à cette détérioration qui affecte l’unité du pays. À chaque échéance, il promet des remèdes, mais personne ne le prend au sérieux sauf ses thuréfairaires. Que peut faire un aveugle, même avec des moyens collossaux. Il ne faut pas aller loin, le désespoir ambiant et la morosité de la vie en Algérie se lisent dans son visage sénile.