M. Hilale répondait, dans le cadre de la 16ème session du Conseil des droits de l'Homme (CDH) au ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci, qui a parlé devant le Conseil de "silence" sur la situation des droits de l'Homme au Sahara marocain.
"je me limiterais à lui répondre que le pays qui a un registre de deux longues et douloureuses décennies d'état d'urgence, synonyme de négation du droit, n'a aucune légitimité pour parler des droits de l'Homme", a affirmé le diplomate marocain.
"Le véritable silence que j'aurais souhaité que SE le MAE algérien dénonce, c'est celui imposé aux populations algériennes, qui sont empêchées d'exprimer leurs revendications économiques, sociales et culturelles, comme c'est le cas dans les pays arabes", a ajouté M. Hilale, notant que 30.000 policiers ont été mobilisés récemment pour un millier de manifestants à Alger.
Après avoir fait remarquer que cette attitude est antinomique avec le discours du ministre algérien sur l'autodétermination, l'ambassadeur marocain a signalé, dans ce sens, que l'Algérie n'a pas respecté le choix démocratique de son peuple lorsqu'il s'est autodéterminé par les urnes en 1991.
L'Algérie, a-t-il poursuivi, n'a pas non plus respecté ce choix en faveur des populations kabyles qui revendiquent pacifiquement leur spécificité culturelle, linguistique et socio-économique.
M. Hilale a regretté que le ministre algérien n'ait pas respecté ni l'esprit ni le code du segment de haut niveau du Conseil des droits de l'Homme, de ne pas politiser les débats ni bilatéraliser les interventions.
Il a également relevé que son discours a été en total déphasage avec les événements douloureux que connait la région. A l'évidence, a-t-il noté, M. le ministre n'a pas saisi la sensibilité de l'action de l'histoire, qu'il a pourtant évoquée dans sa déclaration et ne semble pas non plus avoir appréhendé à sa juste gravité l'impact de ces événements sur les pays de l'Afrique du Nord.
Le diplomate marocain a indiqué que M. Medelci aurait été mieux inspiré de se préoccuper du déficit des droits de l'Homme dans son propre pays, déplorant que le chef de la diplomatie algérienne ait préféré, comme d'habitude, la diversion sur le Maroc, en recourant à des amalgames scandaleux et à des allégations fallacieuses.
M. Hilale a souligné que le parallèle fait par le ministre algérien entre la cause palestinienne et le différend régional sur le Sahara marocain n'existe que dans l'imaginaire de la diplomatie algérienne. Cette assimilation surprend surtout de la part du seul pays dans le monde arabe qui a interdit les manifestations de solidarité de son peuple avec le peuple palestinien lors de l'agression de Gaza, a ajouté M. Hilale.
Il a affirmé que l'utilisation du problème palestinien comme paravent à la question du Sahara est une instrumentalisation que le Maroc dénonce avec force. Il est triste, a-t-il dénoncé, que la question palestinienne ne figure plus dans le discours algérien qu'à travers le prisme du Sahara marocain.
Le diplomate marocain a fait savoir que la Communauté internationale sait pertinemment bien que les camps de Tindouf sont la seule zone de non-droit, arguant que toutes les ONG internationales sont interdites d'y accéder afin de ne pas témoigner des violations quotidiennes des droits de l'Homme. Le HCR est empêché d'enregistrer les populations des camps. L'assistance humanitaire est détournée par les responsables du "polisario" et du croissant rouge algérien, ce qui a été confirmé par plusieurs rapports internationaux, dont celui de l'Office européen de lutte anti-fraude (OLAF), du HCR et du PAM, a précisé M. Hilale.
L'ambassadeur marocain a relevé, d'autre part, que l'Algérie viole ses obligations internationales en matière de refugiés, citant le cas de M. Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud qui est révélateur de l'emprise totalitaire exercée dans les camps. Son seul crime est d'avoir exprimé son opinion en faveur du plan d'autonomie au Sahara et qu'il a voulu partager son point de vue avec les siens dans les camps de Tindouf, a indiqué M. Hilale.
M. Ould Sidi Mouloud a subi le châtiment pratiqué jadis par le colonisateur, celui du bannissement et de l'éloignement de sa famille dans les camps, ce que le droit international humanitaire interdit, a ajouté le diplomate marocain, soulignant que ce seul exemple de violation du droit d'expression, de mouvement, d'association et surtout d'unité de la famille constitue un véritable démenti au discours algérien sur le respect des droits de l'Homme.