Les services de renseignement algériens persistent et signent. Ils se méfient de tous ceux qui viennent du Maroc et surtout des journalistes et des Sahraouis originaires des provinces du sud du Royaume qui sont considérés comme des persona non grata.
Dès qu’ils posent le pied à l’aéroport d’Alger, ils sont systématiquement pris en charge par les agents des services de renseignement algériens pour un long interrogatoire à la manière de l’ex- KGB russe avant d’être refoulés manu-militari vers leur pays de provenance.
L’expérience a été vécue en novembre dernier par l’octogénaire, Ismaili Moulay Salma Ould Sidi Mouloud et son fils Mohamed Cheikh qui faisaient escale à Alger pour se rendre dans les camps de Tindouf, où ils comptaient s’enquérir des conditions de vie de l’épouse et des cinq enfants de Mustapha Salma qui était alors détenu par les milices du Polisario en Algérie.
Malgré son âge avancé et sa maladie, Ismaili a été vulgairement refoulé après avoir été malmené et humilié pendant plus de 24 heures dans les couloirs de l’aéroport d’Alger. Badreddine Mohamed El Bachir, militant sahraoui et membre de «l’association marocaine pour l'intégrité territoriale" basée à Tan-Tan, a eu plus de chance puisqu’il a réussi à franchir les limites de l’aéroport pour se rendre au centre-ville d’Alger. Ce n’est qu’au troisième jour de sa visite, qu’il a été arrêté par les agents des services secrets. Il a été ensuite cuisiné pendant six heures. Les services de renseignement voulaient lui tirer les vers du nez. Le militant sahraoui connait la musique, puisqu’il a eu déjà affaire avec les services secrets algériens, lorsqu’il a été appréhendé une première fois en octobre dernier. Il raconte qu’il a été comme l’autre fois, malmené, torturé psychologiquement, physiquement et humilié moralement. Pourtant il s’était rendu en Algérie à l’invitation de ses collègues de partis politiques et d’organisations algériennes de défense des droits de l’homme. Il était convié à Alger pour apporter plus d’éclairage à ses hôtes et à l’opinion publique algérienne, sur le dossier du Sahara Occidental, le point de vue des Sahraouis et sur le projet marocain d’autonomie. Ce traitement inhumain et humiliant que réservent les services de renseignement algériens à des ressortissants marocains en violation de toutes les conventions internationales, a été vivement dénoncé par des associations marocaines. "L'association marocaine pour l'intégrité territoriale" basée à Tan-Tan et le Forum de Soutien aux Autonomistes de Tindouf (Forsatin) ont exprimé dans des communiqués, leur pleine solidarité avec Badreddine Mohamed El Bachir. Ils demandent aussi des explications au gouvernement algérien au sujet de ces dépassements qualifiés d’irresponsables et des pratiques humiliantes à l’endroit des ressortissants marocains de passage en Algérie.