C’est la loi des séries. Aux crises du lait et de liquidités, non maîtrisées jusqu’à présent, vient s’ajouter celle de la farine, donc, du pain. Le ministère du Commerce n’a pas de temps à perdre. Il est appelé à «répondre aujourd’hui aux revendications des boulangers, sinon c’est la catastrophe». Catégorique, le président de la Fédération nationale des boulangers, affiliée à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Youcef Kalafat joint, hier par téléphone, ne voit pas une troisième solution.
«Demain (aujourd’hui, Ndlr), un rendez-vous décisif est fixé avec les responsables de l’Organisation des marchés et activités commerciales en espérant régler définitivement le problème», dit-il. A se fier à ses dires, le département de Benbada «qu’on a saisi», a donné des instructions à l’ensemble des directions du commerce. «Une enquête sera diligentée au niveau de chaque wilaya afin de connaître les raisons de cette crise», fait savoir M.Kalafat.
En dépit d’un optimisme relativement modéré, notre interlocuteur évoque l’éventualité de voir tomber à l’eau, les négociations entre les deux camps. Si échec il y a, le bureau national de la FNB composé de 51 membres, sera convoqué mardi «pour se réunir dans les trois ou quatre jours qui suivent», explique le porte-parole des boulangers.
Cette réunion sera déterminante. «On décidera quel chemin emprunter pour signifier très haut notre mécontentement», avertit Youcef Kalafat. Selon lui, le recours à la grève n’est pas la solution envisagée pour le moment. Elle n’est ni dans l’intérêt des boulangers, ni du gouvernement ou encore du citoyen. «On ne veut pas faire grève, ni pousser à une fermeture collective des boulangeries.
Notre réclamation est claire: augmenter notre marge bénéficiaire», a-t-il souligné. En d’autres termes, comme l’avait récemment signalé le patron des boulangers, les revendications sont inhérentes à «l’abattement des charges relatives à l’électricité et au gaz et que l’État subventionne le prix de la levure et de l’améliorant comme c’est le cas avec la farine».
En attendant, les boulangers prennent l’opinion publique à témoin et exposent les risques que pourrait causer une grave crise du pain, si leurs conditions de travail venaient encore à se dégrader. Si, en plus de tous les problèmes auxquels ils sont confrontés, on rajoute celui de la farine, «on n’a plus qu’à changer d’activité», a poursuivi le président de la FNB.
Les boulangers ne veulent plus se faire rouler dans la farine et les minoteries privées sont accusées d’entretenir la pénurie. Pour le moment, le pain est disponible, mais pour combien de temps encore? M.Kalafat a également pointé du doigt les privés qui leur font payer 2300 DA le quintal de farine, alors qu’il est fixé par décret à 2000 DA. «C’est un scandale, a-t-il affirmé.
Le prix de la farine est subventionné par l’Etat et les minoteries privées tentent de nous arnaquer. Nous condamnons ces pratiques et nous invitons les pouvoirs publics à intervenir pour régler la situation.» Par ailleurs, le premier responsable de la FNB estime que la farine doit être distribuée aux boulangers dès qu’elle quitte la minoterie.
Un responsable de SIM a indiqué récemment que les boulangers boudent les minoteries et préfèrent s’approvisionner par d’autres voies et sans facturation.