« L’Algérie est malade de ses dirigeants, pas de son pétrole », écrit Hocine Malti. Cet ancien dirigeant de la Sonatrach (la société nationale d’hydrocarbures) est l’auteur d’une passionnante Histoire secrète du pétrole algérien.
Il y raconte comment, au fil des ans, l’Algérie indépendante a sécrété une oligarchie qui a confisqué, grâce à de juteuses commissions, la richesse pétrolière du pays et s’est arrogé un quasi-monopole sur les importations. L’auteur montre aussi comment, dans le pays, les campagnes périodiquement orchestrées contre la corruption ne sont que l’expression de luttes de clans qui surgissent au sein de la caste dirigeante.
La capture de la rente pétrolière par les dirigeants issus de la guerre d’indépendance explique pour une large part la faiblesse de la performance économique nationale. Pour Hocine Malti, le pillage a réellement commencé en 1979, après la mort de Houari Boumediene, sous la présidence de Chadli Benjedid et sous la houlette de son conseiller, le colonel Larbi Belkheir.
Spécialiste de l’Algérie, l’universitaire Luis Martinez, en convient, en évoquant une « stratégie collective d’enrichissement » de la part de la nouvelle bourgeoisie, exacerbée à partir de 1986 par la chute des cours du pétrole. Il n’en porte pas moins un regard plus sévère sur les années Boumediene. Dès le début des années 1970, la « famille révolutionnaire » est convaincue, écrit-il, que l’ »Algérie c’est elle » et que « ses richesses sont les siennes ». Résultat : la consommation repose presque intégralement sur l’importation – source de corruption – et le chômage ne cesse de croître.
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