Regard de travers, douanières mal lunées, tous les deux mètres montrer patte blanche, avec un sourire jamais rendu et pas même l’ombre d’un « Salam », Bienvenue à l’aéroport Es Senia d’Oran.
Tous les immigrés algériens et les étrangers en visite en Algérie vous le diront, les douaniers algériens sont pour la plupart un vrai calvaire "inutile". Malgré les scanners et les nouvelles technologies, pour les besoins de la sécurité, les services aux frontières notamment de la ville d’Oran sont lamentables et cet avis semble être partagé par la plupart des voyageurs, « je ne comprends pas pourquoi on nous malmène à ce point » témoigne exaspéré Yasmina, 59ans.
Alors bien sûr que la sécurité est importante, mais faut-il pour autant tomber dans l’excès et laissez les autorités se livrer à un bal, presque irraisonné de contrôle d’identité et de fouilles ?
Vous n’avez rien à déclarer ! Bijoux devises !!! Et gare au ceux qui n’ont pas noté sur la fiche des déclarations, les misérables euros qui traînent au fond du sac… un sale quart d’heure les attend avec des douaniers qui n’ont ni la grâce ni l’élégance qu’ils devraient pourtant avoir étant l’image même du pays !
Un groupe de jeunes français est dans l’expectative, observant le carnaval qui les entoure, essayant de suivre le rythme de cette danse surnaturelle, espérant l’arrivée de l’avion comme du messie !
Une vieil homme assis prés de moi me raconte sa mésaventure: quelques années auparavant, sa mère française qui aimait l’Algérie plus que tout et avait vécu sa jeunesse au pays, marié avec un algérien avait pour dernière volonté d’être enterrée en Algérie.
Après son décès, lors du rapatriement de son corps, les enfants ont du faire face à la froideur de cette police aux frontières qui a refusé de laisser passer le corps sous prétexte que la vieille dame s’appelait «Martine». « Je n’oublierai jamais ces moments ou je suis resté bloqué des heures à l’aéroport avec le cercueil de ma pauvre mère » s’indigne-t-il.
Fatima me raconte l’histoire de sa jeune fille Leila, venue passer quelques jours chez de la famille et qui a du soudoyer une douanière, à cause d’une bague oubliée lors de sa déclaration… Ne parlons même pas de la corruption, de ces chers représentants de l’autorité, « tu as des médicaments, quel joli parfum, un petit billet de « reuro » peut être ! »
L’aéroport est jonché d’anecdotes aussi désespérantes que grotesques et à chaque voyage on se dit que c’est le dernier, tellement le ras-le-bol est insupportable. Et pourtant on revient, espérant à chaque fois que les choses vont se civiliser, « on ne demande pas grand chose, juste un sourire, un bonjour et que l’on arrête de nous embêter avec les fouilles, on ne transporte pas des kilos d’or » ajoute épuisée Fatima.
Les immigrés sont une manne financière pour le pays, ils assurent des profits plus que confortables aux compagnies aérienne et maritime nationales. Ils consomment et investissent une bonne partie de leurs économies à chacun de leur séjour au pays, ne méritent-ils pas un peu plus d’égards et de considération ?
Le dictat du petit douanier doit cesser, l’état algérien doit prendre ses responsabilités et veiller au bon fonctionnement de ses institutions et de ses agents. Il doit être le garant des libertés et du bien-être de ses ressortissants et de ses visiteurs. L’image et le rayonnement du pays, dans le monde en dépendent.
Alors que la Tunisie et le Maroc fêtent leurs ressortissants et leurs touristes à coup de fleurs de jasmin, l’Algérie accueillent les siens a coup de contrôle et de suspicion, mais jusqu’à quand !!!
A.S
A.S