Si l’ouverture de l’enquête concernant le scandale de la Sonatrach traîne depuis plus de cinq mois, celle sur l’assassinat du patron de la DGSN, Ali Tounsi, est également au point mort.
La «liquidation» présumée de Ali Tounsi est à l’origine d’un bras de fer engagé dès la première semaine qui a suivi sa mort, entre Mohamed Mediène (Alias «Tewfic», patron du DRS, les services de renseignements algériens) et Mohamed Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et allié indéfectible du président algérien, Abdel Aziz Bouteflika. Les différentes médiations effectuées la semaine dernière, par des « amis » des deux parties plus particulièrement au niveau de l’armée, se seraient toutes soldées par des échecs.
Tewfic, qui n’a pas apprécié la déclaration de Zerhouni, quelques jours après l’assassinat de Tounsi, dans laquelle il affirmait que «son successeur a été désigné», a réussi à bloquer cette nomination. De surcroit, tous les noms qui lui ont été proposés ont été écartés. Mais ce qui aurait durci le plus la position du patron du DRS, ce sont les messages émis par des proches de Bouteflika affirmant que «seul le président de la République est habilité à désigner le nouveau chef de la DGSN». Cette précision aurait mis le feu aux poudres, incitant Tewfic Mediène à attaquer sur un autre front, en relançant l’ouverture de l’enquête sur les détournements à la Sonatrach où le nom du ministre du Pétrole et des Mines, Chakib Khélil, est cité à plusieurs reprises. Ceci tendrait à prouver que le « gentleman’s agreement » conclu entre le clan présidentiel et le dirigeant du renseignement militaire algérien serait déjà brisé. Il faut dire que tout, dans leurs caractères, oppose « Tewfic » d’Abdelaziz Bouteflika. Là où ce dernier aime à poser pour les photographes et se faire filmer, l’on ne connaît qu’une ou deux photographies du General de Corps d’armée, datant des années 80. Aussi discret qu’est volubile le Président de la République Algérienne, Tewfik partage néanmoins avec Bouteflika une passion commune, celle des peintres algériens « maudits » des années 70...
Le président Abdelaziz Bouteflika a eu, mardi 18 mai, un nouveau geste de bouderie à l’égard de son gouvernement. A l’aéroport Houari Boumediene d’Alger, aucun membre du gouvernement n’était présent pour accueillir le chef de l’Etat de retour d’un voyage en Iran. Ce choix qui ne pouvait passé inaperçu du président Bouteflika intervient une semaine après le dernier Conseil des ministres. Il confirme que le chef de l’Etat est toujours en colère contre plusieurs membres de son gouvernement.
C’est la troisième fois en vingt jours que le chef de l’Etat évite de s’afficher publiquement avec ses ministres. Le 1er mai, M. Bouteflika avait regardé seul la finale de la Coupe d’Algérie au stade du 5 juillet. Quelques jours plus tard, il recevait à Alger le ministre du Développement économique du gouvernement de l'émirat d'Abou Dhabi (Emirats arabes unis), Nacer Ben Ahmed Al-Souidi. Et contrairement aux usages, aucun ministre du gouvernement Ouyahia n’a assisté à la rencontre. En avril, il n’avait pas fait le déplacement à Oran où le ministre de l’Energie avait organisé le GNL16.
Selon nos informations, ce n’est pas le premier ministre Ahmed Ouyahia qui est visé par ces bouderies du président. Lors du prochain remaniement ministériel qui devrait intervenir incessamment, M. Ouyahia devrait garder son poste à la tête du gouvernement. La colère du président est plutôt dirigée contre les ministres dont les résultats sont jugés médiocres ou entachés par les scandales de corruption. « Le président sait tout. Il s’informe sur tout ce qui se passe et consulte beaucoup. Il a un plan en tête et il va l’annoncer prochainement », explique une source proche de la présidence de la République. Mais pour l’heure, seul son conseiller et homme de confiance, Mohamed Rougab, est en contact permanent avec le chef de l’Etat. Les autres ministres, y compris ceux réputés proches du président comme Yazid Zerhouni, attendent comme tout le monde l’annonce des changements.