Le Sahara marocain est aujourd’hui l’une des zones les plus sûres dans la région du Sahel et du Sahara. - Le Maroc s’engage aujourd’hui à faire du Sahara marocain un centre d’échanges et un axe de communication avec les pays africains subsahariens et à mettre en place les infrastructures nécessaires à cet effet. Encore une fois, notre pays va honorer ses engagements, au grand désespoir des ennemis. En revanche, les populations de Tindouf, en Algérie, continuent à endurer les affres de la pauvreté, de la désolation et de la privation et à pâtir de la violation systématique de leurs droits fondamentaux. Ceci incite à s’interroger légitimement : - Où sont passées les centaines de millions d’euros accordées sous forme d’aides humanitaires, lesquelles dépassent les 60 millions d’euros par an, sans compter les milliards affectés à l’armement et au soutien de la machine de propagande et de répression utilisée par les séparatistes ?. - Comment expliquer la richesse insolente des leaders du séparatisme, qui possèdent des biens immobiliers et disposent de comptes et de fonds en banque, en Europe et en Amérique latine ?. - Pourquoi l’Algérie n’a rien fait pour améliorer les conditions de vie des habitants des camps de Tindouf estimés tout au plus à 40 mille individus, soit l’équivalent de la population d’un quartier de taille moyenne dans la capitale Alger ?. Cela veut dire qu’en quarante ans, elle n’a pas pu ou n’a pas voulu doter ces populations de quelque 6000 logements pour préserver leur dignité, soit une moyenne annuelle de 150 unités de logement. - Pourquoi l’Algérie, qui a dépensé des milliards dans sa croisade militaire et diplomatique contre le Maroc, accepte-t-elle de laisser la population de Tindouf vivre cette situation dramatique et inhumaine ?. L’Histoire jugera ceux qui ont réduit les enfants libres et dignes du Sahara à l’état de quémandeurs d’aides humanitaires. Elle retiendra aussi à leur sujet qu’ils ont exploité le drame d’un groupe parmi les femmes et les enfants du Sahara en faisant d’eux un butin de guerre, un fonds de commerce illégitime et un moyen de lutte diplomatique. Je tiens à poser aux habitants des camps de Tindouf cette question: Etes-vous satisfaits des conditions dramatiques dans lesquelles vous vivez ? Les mères acceptent-elles le désespoir et la frustration de leurs enfants qui buttent sur un horizon bouché ?. Je récuse cette situation inhumaine qui vous est imposée. Mais si vous vous en accommodez, n’en faites le reproche qu’à vous-mêmes en voyant le Maroc assurer le développement de ses provinces du Sud et créer pour leurs habitants les conditions d’une vie digne et libre. Cher peuple,. La question du Sahara n’est pas le premier problème auquel le Maroc a été confronté au fil de son histoire. Il a déjà connu les jours de la Siba et de l’anarchie et vécu sous le Protectorat et l’Occupation. Il a été également le théâtre des luttes et des dissensions de la période postindépendance touchant à la construction de l’Etat moderne. Mais il a toujours surmonté les situations difficiles dont il sortait uni, fort et la tête haute. Il y est parvenu grâce à la foi du peuple marocain qui croit à la communauté de son destin, à sa mobilisation pour la défense des valeurs sacrées du pays et de son intégrité territoriale et à la forte symbiose qui l’unit à son Trône. En entreprenant l’application de cette régionalisation et de ce modèle de développement, le Maroc veut donner de plus grandes chances à la recherche d’une solution définitive au conflit artificiel autour de notre intégrité territoriale. Fermement convaincu de la justesse de notre Cause, le Maroc a répondu favorablement, en 2007, à l’appel lancé par la communauté internationale pour avancer des propositions permettant de sortir de l’impasse où l’affaire se trouve désormais. Aussi, Nous avons présenté l’Initiative d’autonomie pour les provinces du Sud, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité. Comme Je l’ai affirmé dans le Discours de la Marche Verte de l’année dernière, cette Initiative est le maximum que le Maroc peut offrir. Son application reste tributaire de l’impératif de parvenir à une solution politique définitive dans le cadre des Nations Unies. Il se leurre celui qui attend du Maroc qu’il fasse une tout autre concession. Car le Maroc a tout donné. Il a donné la vie de ses enfants pour défendre le Sahara. Devons-nous donner encore plus, comme le souhaitent certaines organisations internationales et non gouvernementales ? Nous connaissons les dessous de ces positions hostiles qui veulent diviser le pays. Nous savons aussi que ces organisations n’ont pas le droit de s’immiscer dans les affaires du Maroc. C’est le même principe qui régit notre relation avec certains cercles au sein d’organisations internationales, qui ignorent l’histoire du Maroc, et qui cherchent à présenter des conceptions éloignées de la réalité car concoctées dans des bureaux feutrés, comme autant de propositions pour régler le différend régional suscité autour de la marocanité du Sahara. Le Maroc refuse toute aventure aux conséquences incertaines, potentiellement dangereuses, ou toute autre proposition creuse ne servant à rien d’autre qu’à torpiller la dynamique positive enclenchée par l’Initiative d’autonomie. Le Maroc s’opposera aussi aux campagnes hostiles qui visent les produits économiques marocains, avec le même sens du sacrifice et le même engagement dont il fait preuve dans les domaines politique et sécuritaire pour défendre son unité et ses valeurs sacrées. Pour ceux qui, en violation du droit international, veulent boycotter ces produits, libre à eux de le faire. Mais, ils devront assumer les conséquences de leurs décisions. Le Maroc a le droit d’ouvrir la porte à ses partenaires, Etats et entreprises mondiales, pour profiter des opportunités d’investissement que la région va offrir grâce aux grands projets qui seront lancés. Vu que Nous ne faisons pas de distinction entre les régions Nord et Sud du Royaume, il n’y a pas pour Nous de différence entre les tomates d’Agadir et celles de Dakhla, les sardines de Larache et celles de Boujdour et le phosphate de Khouribga et celui de Boucraa, même si ce dernier représente moins de 2% des réserves nationales de cette ressource, comme l’attestent les données mondialement reconnues. Avec la même fermeté et la même rigueur, le Maroc fera face à toutes les tentatives visant à remettre en question le statut juridique du Sahara marocain et à contester l’exercice par notre pays de la plénitude de ses pouvoirs sur son territoire, tant dans ses provinces du Sud qu’au Nord. Cela exige de chacun de redoubler d’efforts et de rester vigilant et mobilisé pour faire connaitre la justesse de notre Cause et le progrès dont jouit notre pays, et contrecarrer les manœuvres des adversaires.

jeudi 29 avril 2010

Dakhla, Maroc Saharien, Impressions d'un voyage

Ce voyage est le fruit d'une rencontre qui eut pour cadre New York…
Littéralement Séduit par les qualités humaines et intellectuelles de Monsieur Hamid Bachar, rencontré aux Nations Unies, le Président de l'Institut Marocain des Relations Internationales,  Jawad Kerdoudi, lui a proposé d'aller lui rendre visite en délégation à Dakhla . Dakhla dont il est depuis plus d'un an, le Walli très efficace .
Ce voyage s'inscrit dans le cadre de nos travaux sur la Régionalisation. Sitôt connu le projet, tous y adhèrent avec enthousiasme. Les premiers inscrits bénéficieront de places. Trente deux de nos amis accourent de Tanger, Rabat, Casa et Marrakech.Il règne dans notre groupe une culture de la bienveillance et le voyage commence sur la route où nous prenons des nouvelles des différents véhicules, pour être sûr d'être bien tous présents à l'heure dite autours du Président à l'Aéroport. Ce dernier avec son sens du détail, remet à chacun au comptoir d'enregistrement, une chemise jaune cartonnée à son nom, véritable sésame, avec billets d'avion et programme de travail et loisirs.

Nous sommes remplis d'allégresse contenue.Dakhla est un symbole dans le cœur de tous. Un lieu mythique…
A l'Aéroport nous sommes sans nouvelles de trois de nos amis qui arrivent de Tanger et Rabat. Tanger pour aller à Dakhla… Le Maroc du Nord au Sud. Nous les attendons jusqu'au dernier moment, le cœur serré, craignant un problème grave sur la route. Ceux qui manquent à l'appel seront toujours les plus précieux. Les minutes s'égrènent et dans l'impossibilité de les joindre, pressés par les appels au micro, nous embarquons… pour les retrouver déjà installés dans l'avion… Soupir de soulagement…

Un groupe est comme un pays… qu'un morceau vienne à manquer et il lui manque l'essentiel.
La Ligne du courage. Nous décollons au complet, nous apprêtant à emprunter une route aérienne mythique, la fameuse Ligne Latécoère : Toulouse Casa Dakar qui donna naissance à l'aviation commerciale.
Guillaumet, Saint Ex, Mermoz, les Ailes du Courage veillent sur notre voyage. Les deux heures de vol, ne sont pas de trop pour couper avec le monde de nos soucis et de nos préoccupations personnelles. Atterrissage en douceur à Dakhla. Le service des bagages est familial dans un joli méli mélo de planches de surf et de sacs tannés par l'aventure. Une nuit tiède et douce accueille notre arrivée.
Nous ne voyons pas l'Océan mais son souffle est partout. Et là, première curiosité, l'Aéroport est dans la ville. Nous nous dirigeons à pied vers l'Hôtel, littéralement à deux pas.Fervents de l'intérêt général

Notre groupe, ce Think Tank Marocain qui grâce à la constance de notre Président Fondateur, Jawad Kerdoudi, commence à faire parler de lui pour la qualité de ses conférences, de ses rencontres et ses travaux, est composé d'universitaires. Docteurs en droit, chirurgiens, notaires, pharmaciens, Directrice d'école, Directeur d'Institut, diplômés d'HEC, ancien Walli, journalistes, Hommes d'affaire, industriels,  Experts Comptables, avocats, Hauts fonctionnaires le composent.

La particularité qui nous lie, est d'être des fervents de l'intérêt général…
L'Histoire en marche. Dakhla Regency, nous découvrons un hôtel standardisé et confortable qui ne nous inspirera ni critiques (c'est suffisamment rare pour être signalé) ni emballement. Il est 22heures, nous avons dîné dans l'avion mais nous avons faim les uns des autres. Faim d'échanges et de paroles. Saint Ex disait : « L'Or des relations Humaines ».

Le groupe est familial, ceux qui ne sont pas venus avec leur conjoint, sont venus avec leurs enfants, jeunes adultes déjà dans la vie active. Voyage à Dakhla, recherche de sens. Baptême patriotique…Pour nos enfants, la lutte de leurs grands parents pour l'Indépendance du pays, s'est déjà perdue dans les sables de l'histoire. Et pourtant, le Maroc n'est pas un dû. Il faut venir le chercher. Ici à Dakhla, l'histoire se lit encore au présent. Elle a un sens, elle est tonique. Son encre est fraîche.Minuit 05 Chez Luis. Avec l'impression de faire l'école buissonnière au nez et à la barbe du Président qui, connaissant le menu roboratif de notre colloque du lendemain, est prudemment allé se coucher, nous nous retrouvons dans le hall. A l'instigation des plus dégourdis, nous partons pour aller partager un souper de poissons chez un certain Luis , à deux pas. L'air tiède des vents alizés continue de nous materner au cœur de la nuit.

A minuit 05 chez Luis, restaurant de poisson, mi gargote, mi pizzeria, à la décoration et la cuisine aléatoire, tous ne sont déjà, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait des autres… Le Sahara est en train de composer sa puissante alchimie. La Patrie des mouettes et des cormorans. Samedi matin, huit heures. Courte nuit. Nous voici réunis au petit déjeuner autours du Président Kerdoudi.

Certains courageux sont sortis dans l'aube fraiche pour marcher une petite demi-heure au centre ville, histoire de se rendre compte à quoi ressemble Dakhla. Une lumière laiteuse baigne la ville. Le ciel et la mer se confondent. Tôt le matin, le ciel est la patrie des mouettes et des cormorans qui révèlent sa vocation de port de pêche.

Dakhla est une ville qui ne ressemble à aucune autre. C'est une langue de terre très étroite entre deux éléments liquides. Le regard se perd à l'horizon, rien ne l'arrête. A droite, la mer, le puissant Océan Atlantique jusqu'aux côtes d'Amérique. A gauche, la mer encore, une baie immense aux eaux calmes et placides dont on devine très loin les contours d'un relief graphite, inscrit dans la brume. Les constructions et nombreux bâtiments que les courageux sortis aux aurores, découvrent, racontent une petite ville de garnison fonctionnelle et sans âme. Pelotonnée sur elle-même, elle a du faire le dos rond à la mer, aux vents dominants et à la solitude. Solitude d'une communauté d'âmes pionnières, résistantes et esseulées, loin des métropoles sous les feux de l'actualité comme Rabat, Casa, ou Marrakech et du dernier engouement des peoples comme Essaouira,  Fès ou Tanger…
Un Walli Praticien pour mettre au monde une région exceptionnelle. Neuf heures, studieux, nous sommes à pied d'œuvre à La Willaya voisine, pour entamer ce colloque marathon de plusieurs heures, au cours duquel Monsieur le Walli, a prévu de nous faire découvrir tous les aspects et les potentialités de sa région Oued Eddahab Lagouira. Sur la droite avant la Willaya, l'Eglise de Dakhla. Les Espagnols ont lancé une forme vers le ciel, elle est retombée sous forme d'église… Elle ferait un sympathique centre culturel… Depuis Beaubourg, on sait que la culture a tous les droits.

Nous nous engouffrons dans la Willaya, lumineuse, spacieuse, aérée. Nous prenons nos places dans une ambiance solennelle au sein d'une salle de réunion imposante. Face à nous, tous les chefs de service  et spécialistes que compte la région, malgré l'heure matinale de ce Samedi matin férié, sont sur leur trente et un. Chacun d'eux a reçu la mission de nous présenter la région, ses spécificités et ses potentialités. Présentation power point à l'appui pour chacun.Un aérophage de notabilités en tenue traditionnelle rend la réunion encore plus solennelle…

Une voix bien intentionnée m'indique les élus…le Président de la Région Oued Eddahab Lagouira et le Président du Conseil Provincial d'Oued Eddahab, le Président du Conseil Provincial d'Aoufferd, le Président du Conseil Municipal de la ville de Dakhla, le Président du Conseil Municipal de Lagouira, le Président du Comité Régional du Tourisme… Présence et allure…

Ils prononceront tout à l'heure des mots qui toucheront nos cœurs et donnent du corps à la légendaire hospitalité du désert. Mais Monsieur le Walli fait son entrée. Les mots d'accueil sont simples et chaleureux. Derrière l'écran du protocole qui tend à lisser les échanges et inspire le respect, on sent une  culture universelle, une énergie ramassée et une parfaite maitrise de la Région dans toutes ses dimensions. En dehors d'une indéniable distinction, il émane de la personne du Walli une lumière intérieure qui nous émeut. Cette lumière, des mots saisis au hasard de son discours, court et sobre, permettent d'en saisir l'origine :
« Mission exaltante. Patriotisme. Beauté d'une nature vierge où l'empreinte de l'Homme est légère. Potentialités indéniables mais volonté de développement maitrisé… »
Il y a une vraie région à mettre au monde. Une région qui ouvre les yeux directement sur le 21 ème siècle et à qui il faudra éviter maux et dangers qui  affectent le monde.

Une région qui devra rattraper le retard d'une naissance difficile. Mais ce Walli est un praticien. En spécialiste il a mesuré les enjeux et les risques. Il dit sans ambages que de l'implication de tous, naîtra le succès. Nous sommes sous l'emprise de ce charisme, indiquant sans appel, que l'homme a tout à fait conscience au cœur de la solitude qui est sans doute la sienne, de travailler pour le Maroc du troisième millénaire. Son regard voit ce que les autres ne voient pas encore. Juge – t'on un poussin ?
Les chefs de service se succèdent, les explications et démonstrations sont passionnantes, nous les sentons très impliqués. Ils nous présentent un nouveau né fragile et qui réclame tous leurs soins. Ces techniciens de la chose publique, doivent penser la ville de demain. Certains d'entre nous se hasardent à dire que le nouveau né est inesthétique sur le plan urbain. Ils ont raison. Mais juge-t-on un poussin ? Dakhla vient à peine de sortir du désert et de naître à l'échelle d'une agglomération.

Aujourd'hui est un autre jour. L'An 0. Après la lutte pour le droit à la vie, le temps de se développer et s'épanouir commence. Enfin !La ville et sa région devront se juger dans dix ans et Dakhla sera précieuse.
Mettre au monde un monde nouveau, voila le challenge. Un monde qui tiendrait compte de nos erreurs passées, qui serait la vitrine de ce qu'une nation, plus que millénaire, peut produire de meilleur, en respectant toutes ses diversités, en transcendant toutes les difficultés.

Nous avons le sentiment d'être au cœur d'une aventure passionnante. Nous sommes tous interpellés au plus profond de nos consciences et nous déclenchons notre sonar personnel pour mesurer de quelles manière nous pourrons participer à l'effort collectif. Antoine a donné une parfaite définition de la responsabilité:
« Être homme, c'est précisément être responsable.

C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C'est être fier d'une victoire que les camarades ont remportée. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde. »
Un désert à la minéralité sèche et pure…
Les exposés se succèdent, nous découvrons le monde de la pêche, les ports et les villages de pécheurs, les fermes aquacoles… La valorisation des produits de la mer. La richesse halieutique de Dakhla et ses 3244 barques de pécheurs, les 85 unités agréées pour l'exportation du poisson, les 44000 tonnes de poisson pélagique qui pourront monter à 225000.

Nous parlons de l'économie qui tourne autours du Chameau, de son lait si précieux… Nous somme ahuris d'apprendre que la Région possède une agriculture prospère avec un premier noyau dur de 600 ha cultivés et une tomate précoce de quatre semaines sur Agadir et qui part vers les USA. Comment un désert à la minéralité sèche et pure pourrait-il donner une agriculture prospère ? C'est ce que, émerveillés, nous découvrirons le lendemain. La séance des questions arrive. Contrairement à beaucoup en charge d'une forte autorité, Monsieur le Walli ne s'écoute pas parler. Les réponses sont pertinentes et concises. Je l'interpelle sur ce nouveau né qu'il nous présente, encore vierge d'activités désastreuses, en lui demandant s'il est conscient des risques d'un développement mal maitrisé.

Il nous répond agriculture raisonnée, culture bio, développement durable, surveillance  scientifique des stocks de poissons, valorisation des déchets, Energies renouvelables…
Nous restons tous sur l'idée de ce magnifique nouveau né qui réclame tous les soins.
Il est 13h, une coupure est prévue et nous partons déjeuner à deux pas dans un hôtel, Bab Al Bahar, construit quasiment sur l'eau. Longue table face à la baie, une baie de 37 km de long qui ressemble à une mer intérieure. L'air est léger. Nous sommes heureux. Heureux comme des enfants qui découvriraient tout à coup qu'ils sont riches d'un trésor, qu'ils sont les seuls à découvrir.

Abdelhafid et Aziz dit Bibi, les deux boute en train du groupe, respectivement de Rabat et Marrakech, animent le déjeuner… Ce ne sont pas les moins diplômés mais certainement les plus turbulents. On ne dira jamais assez combien sont précieux dans un groupe, ces personnalités extraverties, qui cultivent autant la bonne humeur que le leadership et le sens de l'organisation.
Le Sahara a cette vertu magnifique de nous déshabiller de nos uniformes sociaux.
Dakhla sous le tropique du Cancer comme la Havane ou Hawaï, loin de tout et surtout de nous même, de nos vies d'adultes empesés par les responsabilités et les apparences, Dakhla nous allège du superflu.

Nous sommes à 1700km de Casablanca l'hyper active.

Ce pays avec sa diversité est quand même extraordinaire. Quant je pense que les Marocains s'échinent à solliciter un visa qui leur est chichement accordé, pour aller faire les sardines sur des côtes Européennes chères et frelatées…

Là, Face à la Baie d'Oued Eddahab, le temps s'est arrêté. Je me hasarde sur le ponton, l'eau est tiède comme l'air, 26°. Il règne une ambiance osmotique, douce et bleutée… une nitescence de bleus fondants, légère et caressante pour  l'œil. Le Sahara nous dépouille lentement des scories de la civilisation. Reste l'essentiel, la camaraderie à laquelle nous sommes si attachés, la réflexion, la culture, ce pays qui nous prend aux tripes. Son passé, son présent, son futur.
Dakhla, c'est loin ! Mais c'est loin d'où ? Dakhla est déjà symboliquement au cœur de tous les marocains. Ecoutons le spécialiste de l'éloignement , Antoine, qui sillonna le monde. Il écrivait dans Terre des Hommes: « Ce n'est pas la distance qui mesure l'éloignement. Le mur d'un jardin de chez nous peut enfermer plus de secrets que la muraille de Chine, et l'âme d'une petite fille est mieux protégée par le silence, que ne le sont, par l'épaisseur des sables, les oasis sahariennes. »
Dakhla au cœur de la Région d'Oued Eddahab Lagouira à l'extrême Sud du Maroc, là où commence l'Afrique, n'est éloignée que de la distance nécessaire à notre dépaysement.
Où nous découvrons que toutes les contraintes sont des richesses potentielles…
15h30, le Président Kerdoudi nous ramène d'une main douce mais ferme dans la salle de réunion où les exposés ne doivent souffrir aucun retard.

Et les présentations continuent. De chaque directeur de service, émane une gentillesse, une modestie mais aussi une passion. C'est surtout la passion qui nous a frappés. Ici rien ne va de soi. Tout est à conquérir, à imaginer, à créer. Nous découvrons le projet du futur parc éolien de 667 MW à 60 km de Dakhla. Quelle carte fabuleuse le Maroc a à jouer ! Ah ce vent qui était considéré comme un handicap ! Voici que l'on parle de « Gisements de vent » exactement comme l'on parlait de gisements de pétrole… Coopérer avec la nature, ne plus l'exploiter inconsidérément, ne plus la polluer, ne plus la défigurer mais l'accompagner, la servir, la magnifier. Il est là le challenge de Dakhla.
Ici une nouvelle vision est en train de naître, une vision du troisième millénaire, empreinte de responsabilité. Et ce sont les contraintes géophysiques qui créeront l'homme nouveau.
A la fin du livre Terre des Hommes , Saint Ex a écrit une phrase à laquelle il tenait beaucoup. Cette phrase, c'est celle ci : « La terre nous en apprend plus sur nous que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle. »
D'une terre venteuse et aride qui lui résistait, le Maroc fera une Nouvelle Alliance, une terre de Fraternité, de projets, de responsabilité et d'intentions élevées.
Nous découvrons que la Région est connue du monde entier par des spécialistes, Champions de windsurf et de kite surf. Des Amoureux de nature qui viennent jouer avec le vent, le sable et les étoiles pendant les trois mois d'hivers.

Dakhla pour eux est le plus beau spot du monde après Hawaï…5 écoles de sports nautiques y accueillent chaque année plus de 3 000 sportifs.
La pèche sportive trouve aussi son compte avec le surf casting et pour les amateurs de photo, des colonies de dauphins, s'ébattent dans le paradis de ces eaux poissonneuses.

Dakhla construit doucement sa diversité
Et nos cœurs battent plus vite pour ce morceau de Maroc resté quasi vierge d'empreinte humaine et qu'il convient de préserver. L'aventure cosmique de l'Homme sur cette terre peut écrire à Oued Eddahab Lagouira, ses plus belles lignes. Nous parlons de culture avec le Festival de Dakhla qui commence à mobiliser toute la ville, musique et sport de glisse, valeurs et univers partagés…

Dakhla construit doucement sa diversité avec les briques douces du vent et de la musique qui sont à sa disposition Nous parlons du Cinéma qui s'installe doucement…Nous abordons l'éducation et sommes heureux de découvrir le niveau d'alphabétisation, un des plus élevé du Maroc.

La santé, les efforts de mise à niveau mais qui butent sur le fait que la région est sous équipée en spécialistes. Les exposés continuent, nous sommes assis depuis le matin.

Il est tard, la nuit est tombée depuis longtemps sur Dakhla et nous en redemandons encore. Les spécialistes prennent à leur tour des notes sur les remarques pertinentes de chacun. Ils ont la modestie de ceux qui veulent faire encore mieux et écoutent « Ceux qui ne savent pas … car ils savent autre chose »…
Le mot de conclusion après nos échanges fertiles, reviendra comme il convient au Walli. Il nous redit ses espoirs. Les difficultés qui les unes après les autres sont en train d'être pensées et solutionnées. Son grand, très grand souhait est l'adhésion de la population à l'effort de mise à niveau qui est en train de s'accomplir. En l'écoutant, je pense à deux réflexions d'Antoine et qui ont du poids :
«   Que nous importent les doctrines politiques qui prétendent épanouir les hommes, si nous ne connaissons d'abord quel type d'homme elles épanouiront. » Et :« Une Civilisation se juge non à ce qui est fourni aux hommes mais à ce qui leur est demandé »

On sent que par l'effort, l'enthousiasme et l'adhésion à ce projet de développement d'envergure nationale, le Walli caresse le rêve de transcender la population qu'il a l'honneur de gouverner au Nom de Sa Majesté le Roi. On perçoit qu'il fera fi du matérialisme cynique et des aides qui affaiblissent… Sa grande problématique, est quel type d'homme il construira pour le Dakhla de demain.
Une tête de pont avancé.

Appuyés contre la solitude des grandes métropoles occidentales, des milliers d'hommes sont affamés. Ils ont faim d'espaces vierges, faim de paysages purs à la sincérité minérale, faim d'une vie sobre au rythme lent des caravanes. Des milliers d'hommes et de femmes avec la civilisation matérialiste, ont perdu leurs fondamentaux. Ils ont oublié qu'ils sont propriétaires de cinquante mille mètres de ciel étoilé au dessus de leur tête.

Un jour proche, Dakhla verra débarquer une nouvelle forme d'immigration. Les sportifs professionnels d'aujourd'hui, amateurs de vent, de sable et d'étoiles n'en sont que la tête de pont avancé. Antoine ce visionnaire qui après avoir passé en 1926, dix huit mois de solitude, non loin de Dakhla, à Tarfaya, période qu'il considérait comme la plus belle de sa vie, avait écrit il y a déjà 70 ans :
« Je  ne comprends plus ces populations des trains de banlieues, ces hommes qui se croient des hommes, et qui cependant sont réduits, par une pression qu'ils ne sentent pas, comme les fourmis, à l'usage qui en est fait. De quoi remplissent-ils, quand ils sont libres, leurs absurdes petits dimanches ? » Des milliers d'occidentaux voudront un jour venir sous les étoiles de Dakhla, se souvenir qu'ils sont des Hommes tout simplement et pas des robots. Le dernier mot d'Antoine avant sa dernière mission sans retour, le 31 Juillet 1944, est cette lettre posée sur sa table de chevet et rédigée à l'intention d'un ami : « La termitière future m'épouvante …»


Nous quittons la salle de conférence et nos chers directeurs de service à regret,  heureux, intellectuellement rassasiés par cette rencontre de travail fructueuse.Après la théorie, la confrontation avec le réel est prévue pour le lendemain. Monsieur le Walli a eu l'extrême obligeance de nous faire le soir, les honneurs de sa vaste résidence. Je l'observe à la dérobée. Il maintiendra toujours la bonne distance, celle qui laisse deviner une personnalité solaire, énergique, idéaliste, tout en assumant la nécessaire réserve à l'exercice de l'autorité. Il fera l'unanimité des participants.
Au menu, poisson sublime à la chair extraordinaire. Le 2 ème plat paraît-il succulent, est un tajine suave de chameau…

J'ai franchement du souci avec cet animal. Il me fascine. Et je ne peux manger qui me fascine. De plus, petite fille, lorsque j'avais été insupportable, ma mère avait la détestable habitude de me traiter « de grande chamelle.. » Le chameau et moi sommes donc parents…Suite du dîner sur un nuage, nous nous sentons tous formidablement bien.
Il est temps de prendre congé et nous remercions notre hôte de ces heures magiques durant lesquelles, grâce à lui, nous nous sommes tous penchés sur un nouveau né au nom Mythique : Dakhla.

Caryl.fr