Le Maroc possède une armée aguerrie. Un corps professionnel dont les compétences sont reconnues là où les soldats marocains ont été impliqués dans des conflits en Afrique ou dans le cadre des Casques bleus en ex-Yougoslavie et d’autres missions de paix.
C’est une armée efficace qui s’adosse à une aviation chevronnée. D’excellents pilotes, manoeuvrant des appareils sophistiqués et dernier cri dont la formation et la maintenance sont les maîtres mots. Les officiers marocains affinent leurs formations dans des pays à tradition militaire de pointe. Aux États-Unis, mais aussi en France et en Grande-Bretagne pour varier les expériences et cumuler le savoir-faire.Si le Maroc consacre chaque année environ 15% du budget de l’État à son armée. Pour 2012, l’enveloppe militaire des FAR avoisine les 5 milliards de dollars et le budget acquisition seul dépasse 1 milliard de dollars, contre un budget de plus de 16 milliards de dollars pour l’Algérie. Pour les 10 dernières années, le Maroc s’est lancé dans une course effrénée pour moderniser son arsenal et surtout combler ses lacunes navales.
Lacunes navales
En effet, si le Maroc compte des troupes solides, une infanterie rompue aux exercices les plus périlleux dans de réelles situations de conflit, le talon d’Achille de Rabat restait la marine. Mais celle-ci a connu un essor sans pareil ces dernières années. En effet, avec un budget de 2,47 milliards de dollars, le Maroc se lance dans l’acquisition de 31 navires de guerre. La toute dernière frégate, baptisée Sultan Moulay Ismail, a été livrée au Maroc en mars 2012. Elle fait partie d’un lot de trois frégates commandées aux Pays-Bas. La première avait été livrée à la Marine royale en septembre 2011.
De 2008 à 2012, le Maroc a acquis des Etats-Unis 24 avions de chasse F16 C; de la France, 27 Mirages 2000; des Pays-Bas, 3 frégates de type SIGMA; et de la Chine, 57 chars Type 90-2. Il y a également le navire de guerre Multimission commandé à la France. Dans la même période, Rabat a paraphé un contrat de missiles américains AIM-9X Sidewinder, fabriqués par la compagnie Raytheon, servant à équiper les avions F-16 C.
Le Maroc a commandé en 2012, des armes aux États-Unis pour une valeur de 1,015 milliard de dollars. Le contrat prévoit l’amélioration et la rénovation de 200 chars Abrams M1A1. Les chars sont équipés de 200 mitrailleuses montées sur des supports fabriqués par Chrysler, en plus de 400 fusils mitrailleurs de calibre 7,62 mm. La transaction comprend également 12 millions d’obus et de balles, dont 200 lance-grenades fumigènes en plus d’obus antichar de calibre 12 mm. La livraison globale s’étend jusqu’en 2017. Le Maroc a commandé aux États-Unis, en 2011, 38 unités de missiles air-air très développés, en plus de leurs pièces de rechange, pour une valeur de 50 millions de dollars. La transaction comprend aussi vingt missiles air-air, de marque Sidewinder, désignés comme étant les plus puissants de leur catégorie aux États-Unis. Ces missiles sont capables de détecter leurs cibles par la chaleur. Ils sont efficaces en combat air-air rapproché et peuvent même être portés par des hélicoptères.
La même transaction comprend aussi dix missiles d’entraînement de marque CATM-9X, en plus de seize unités de détection par la chaleur et de deux missiles d’entraînement.
En août 2011, le Maroc a reçu une première livraison des 24 avions de chasse F-16, qu’il avait commandés en 2008, pour une valeur de 841,8 millions de dollars auprès du constructeur aéronautique américain Lockheed Martin. En 2009, le Maroc a signé un contrat d’achat de 24 avions d’entraînement dernière version du T-6 Texan II et des pièces de rechange, au constructeur américain “Hawker Beechcraft”. Signé pour une valeur de 185 millions d’euros, ce contrat entre dans le cadre du renouvellement de la flotte d’avions des Forces royales air (FRA), comprenant quatorze Cessna T-37 en service depuis près de 50 ans. Les nouveaux appareils qui seront équipés d’une électronique embarquée CMC et d’un glass-cockpit permettront une économie de consommation de kérosène d’environ 66%.
Ouverture sur la Russie
Mais le Maroc sait aussi diversifier ses fournisseurs. En 2011, Rabat a négocié avec Moscou l’achat de chars T-90 et de véhicules blindés. En même temps, le Maroc discutait avec le Chine pour des chars de combat, copies exactes des chars russes. Dans ce sens, les Forces armées royales ont reçu en 2011, une partie des 34 lance-roquettes commandés en 2010 auprès de Pékin. Cette transaction fait partie de l’ouverture opérée par le Maroc depuis près d’une décennie sur l’industrie d’armement russe, principal fournisseur en armement de l’Algérie. Pour l’avenir, le Maroc va lancer la commande d’avions de patrouille maritime, le SC-130J Sea Hercules, qui est une version du C-130 Hercules destiné à la patrouille maritime et à la lutte anti-soumarine. Un autre programme de modernisation des AMX10RC de l’armée de terre en les dotant d’une nouvelle électro-optique et système de conduite de tir est à l’étude. Côté chars de combat, les 200 M1A1-SA américains commandés par le Maroc sont destinés à rempalcer une partie des M60A3. Mais la puissance et l’efficacité des M1A1-SA dépassent de loin les T-90 et les T-72 algériens.
Puissance aérienne
Au niveau des hélicoptères, le Maroc ne possède que quelques Gazelle-HOT et Gazelle-Canon. La comparaison avec l’Algérie ne tient pas la route. Les capacités des hélicoptères algériens se sont plus grandes, mais ils restent vulnérables aux tirs d’armes légères et de mitrailleuses lourdes de 12,7 mm ou 14,5 mm. La course à l’armement entre les deux pays va se poursuivre, surtout au niveau naval. Les deux États ont entrepris la modernisation de leurs flottes. Ils ses ont également lancés dans la commande des sous-marins conventionnels. Le Maroc a une longueur d’avance sur l’Algérie, il s’est préparé à cette échéance, en construisant une base navale moderne, à Ksar Sghir. En revanche, l’Algérie compte la très mythique base de Mers El Kébir, à Oran, construite par la France et récupérée par Alger en 1967. En 2011, le ministère de la Défense lançait des appels d’offres pour la réhabilitation de cette base vétuste
par Abdelhak Najib