Tout n'est pas faux dans les rumeurs qui circulent : le président Abdelaziz Bouteflika veut régner sur l'Algérie même après sa mort ! Cela peut paraître incroyable, mais c'est ainsi que fonctionnent les créatures du despotisme arabe : elles considèrent le pouvoir comme un butin de guerre acquis à jamais, incessible même après la mort, transmissible aux seuls membres de la "famille" qui seront chargés d'immortaliser la dynastie pour les décennies à venir. La dynastie, ses idées, son prestige et son chef !
Il y a eu le nassérisme, l'assadisme, la khadafisme... Il y aura le bouteflikisme ! Bouteflika tient en otage un pays, maquillé en fausse république, et ne compte pas le lâcher. Comme les créatures du despotisme arabe, il voit grand et veut aller vite en besogne pour inscrire son nom dans l’Histoire.
Sa stratégie pour installer puis pérenniser le bouteflikisme, ne repose pas seulement sur la succession à son frère Said. Ce point est indiscutable. Abdelaziz Bouteflika veut surtout laisser à Said et à "la famille" les garanties d'un exercice tranquille du pouvoir total et hégémonique.
Laisser à Said et à "la famille" les garanties d'un exercice tranquille du pouvoir total et hégémonique suppose débarrasser de leur chemin la double rivalité qui pourrait les menacer :
- La rivalité du clan d'en face, c'est à dire cette grande tribu qu'on appelle les décideurs (hiérarchie militaire mais surtout services de renseignements...)
- La rivalité intégriste et terroriste
Le plan de Bouteflika consiste en deux grandes idées :
Primo : "casser" les services de sécurité. C'est une vieille obsession de Bouteflika. Une obsession compréhensible : contrairement à ses homologues dictateurs des autres joumloukias, contrairement à Saddam Hussein, Khadafi, Hafedh El-Assad ou Ben Ali, il ne dispose pas de la réalité du pouvoir. Sur ce chantier, Bouteflika a déjà bien avancé. Pour museler la tribu, s’affranchir de sa tutelle et s’assurer un pouvoir à vie, il a soigneusement démembré la tribu. D’abord en remplaçant la génération des généraux «janviéristes» par de nouveaux chefs militaires que nous pourrions appeler des «guerriers professionnels», éliminant ainsi toute source possible de contestation de sa démarche à partir des forces armées. Ensuite, en mélangeant les prérogatives entre responsables du ministère de la Défense nationale de manière que leurs influences s'annulent réciproquement. Il cherche maintenant à donner l'estocade au DRS, et à son puissant chef, le général Toufik, ultime rempart pour s'accaparer le pouvoir absolu!
Deuxio : signer l'armistice avec les islamistes en capitulant sur le point central : la réhabilitation politique !
Le retour à décembre 1991 !
C'est le but du second chantier de Bouteflika avant 2011 : l'amnistie !
L' amnistie générale que Bouteflika voulait prononçer au lendemain de sa réélection en 2009 est retardée par la guerre des clans et notamment par les scandales à répétition d'affaires de corruption touchant directement ses hommes de confiance. Cette amnistie devait permettre au FIS de retourner sur la scène politique ; « oui, le champ sera rouvert aux enfants du Front dans le cadre d’un parti politique », avait déjà révélé, en décembre 2007, Ahmed Benaïcha, l’ancien émir de la branche armée du FIS, dans les colonnes du journal arabophone El Bilad.
L’ancien chef terroriste reconnaît l’existence d’un projet politique clairement défini: « Il y a en ce moment plusieurs initiatives pour donner corps à cette solution politique qui va faire l’objet d’un consensus entre les nationalistes et les islamistes. »
Cette solution politique, Benaïcha l’appelle « solution finale », celle qui solderait le contentieux de 1992 né de l’annulation des législatives remportées par les islamistes et de la dissolution du FIS. Elle prévoit une réhabilitation totale et publique du parti dissous et un progressif transfert de pouvoir.
Avec le départ forcé de Zerhouni du ministère de l'intérieure, l'agrément au nouveau parti semble s'éloigner. Qu'à cela ne tienne, Les islamistes se regrouperont dans une nouvelle formule à la tête de laquelle trônera Said Bouteflika.